Voyage dans la forêt de Waipoua : sur la terre des ancêtres maoris

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Lors de mon 1er voyage en Nouvelle-Zélande j’ai été assez déçue de ne pas en apprendre plus sur la culture maorie et je trouvais l’offre des tours peu intéressante car plutôt folklorique. Un an plus tard, je suis de retour au pays du long nuage blanc. J’ai plus de temps devant moi alors je décide de parcourir le pays pour partir à la rencontre des maoris qui ont décidé de faire vivre leur culture en offrant des expériences uniques et authentiques aux voyageurs. Cet article est le 1erd’un projet qui me tient particulièrement à cœur cette année : valoriser la culture maorie et vous faire découvrir leur croyances, mythes et médecine en sélectionnant les meilleures activités du pays.

 

La première fois que j’ai entendu parler de Footprints in Waipoua c’était à travers un portrait de Koro dans les pages du NZ Herald. Il expliquait comment il a monté une activité touristique à Waipoua et permis de favoriser l’emploi dans une région ou le chômage bat des records.

Koro emmène les touristes se promener la nuit dans la forêt de Waipoua pour partir à la rencontre des kauris, les plus gros arbres au monde (promis c’est pas un début de mauvais film d’horreur) Il leur explique l’histoire de ces arbres millénaires, leur compte des légendes sur la forêt, ses habitants, et partage avec eux des mythes et chants maoris.

 

Lonely Planet parle de « L’expérience d’une vie » et c’est vrai qu’on en revient enrichi, la tête remplie de souvenirs et les yeux pleins d’étoiles.

 

Difficile de mettre des mots sur des sensations mais suivez le guide, nous partons en voyage dans la forêt de Waipoua ! Nous sommes au nord ouest de l’île du nord en Nouvelle-Zélande et nous marchons dans les pas des ancêtres maoris pour partir à la rencontre des kauris, les géants de la forêt !

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Koro a un parcours très intéressant : il a travaillé des années comme guide touristique et participe au développement du tourisme maori à travers le pays. Il m’explique qu’il est revenu dans sa région après avoir vécu des années à Auckland. Il souhaite partager sa passion pour la nature et faire vivre sa culture à travers un tour un peu spécial : Footprints in Waipoua.

Dans la route qui serpente à travers la forêt de Waipoua il me confie qu’il a toujours voulu être professeur mais qu’il ne travaillait pas assez bien à l’école pour y arriver. Qu’à cela ne tienne, il est devenu guide : « C’est comme être un professeur, tu partages tes connaissances sauf que ta salle de classe n’a pas quatre murs, c’est encore mieux ! ».

Il m’explique que la forêt de Waipoua est la plus large forêt de kauris de Nouvelle-Zélande. La raison est historique : avant 1928 il n’existait aucune route qui permettait de rejoindre la forêt. Elle a donc été préservée car il était impossible de transporter les arbres pour servir à la construction des maisons et canoës.

Les kauris ont d’ailleurs massivement participé à la reconstruction de San Francisco lors du grand incendie de 1851. Après avoir été sur-exploités, les arbres sont aujourd’hui protégés.

 

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Koro travaille depuis de nombreuses années avec l’organisation NZ Maori Tourism. Il a crée Footprints in Waipoua pour faire vivre aux voyageurs une expérience unique au contact de la nature.

 

Me voilà « manuhiri » (invité) de la forêt à Waipoua. À la tombée de la nuit, la forêt nous livre ses merveilles et l’atmosphère est magique. On marche sous les mêmes étoiles qui ont guidé les ancêtres maoris et c’est tout un monde nocturne qui s’anime.

Éclairés par la lune, on observe, on sent, on écoute, on touche la nature qui nous entoure, et c’est tous nos sens sont en éveils. Plus que partir à la rencontre des « géants de la forêt », Footprints in Waipoua c’est avant tout une expérience sensorielle. « Mother nature » comme l’appelle Koro, nous livre ses secrets au fil de notre cheminement.

 

« Tell me i will forget, show me i will remember, involve me i will understand » (Raconte-moi j’oublierai, montre-moi je me souviendrai, implique-moi et je comprendrai »)

 

Le temps d’une soirée Koro nous embarque dans son univers. Il a un véritable don pour raconter les histoires : son intonation, ses mimiques, sa manière de mener les intrigues, ses expressions faciales, ses grands gestes, ses chants… il nous embarque dans un monde à part ! Chaque feuille, chaque plante, chaque son de la forêt est prétexte à une anecdote, une chanson, un poème, une histoire ou un proverbe maori.

 

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Les maoris croient en de nombreux dieux de la nature (dieu de la terre, la mer, le ciel…)  Lorsque les ancêtres maoris sont arrivés en Nouvelle-Zélande ils ont découvert une terre bien différente de la leur en Polynésie. La forêt est devenue vitale pour eux car c’est elle qui les nourrit, les abrite et leur offre toutes leurs ressources pour survivre.

Chaque plante à un but bien précis, que ce soit pour construire, se nourrir ou soigner. Dans la mythologie maorie Tane Mahuta (le dieu de la forêt) est à l’origine de la création du monde. Il sépare sa terre-mère Papatuanuku de son ciel-père Ranginui  afin de faire jaillir la lumière et la vie. Ce sont donc les arbres qui séparent la terre et le ciel et permettent à la lumière d’être.

Les kauris sont appelés les arbres de la lumière. Leur taille dépend de la végétation qui les entoure. Plus elle est haute, plus les kauri le seront car ils ont besoin d’être au-dessus des autres arbres pour capter cette lumière. En grandissant les kauris perdent d’ailleurs leurs branches car ils concentrent toute leur énergie dans cette croissance vers le soleil.

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Les kauris sont des arbres de lumière. Ils grandissent jusqu’à ce qu’ils atteignent les rayons du soleil.

Lorsque l’on entre dans la forêt de Waipoua on marque son respect pour Tane-mahuta, le dieu de la forêt à travers des chants maoris. La nature est vivante et dotée de pouvoir pour les maoris.

Koro nous compte ses légendes et mystères et nous explique comment ses ancêtres utilisaient les plantes pour se nourrir, se soigner ou se guider la nuit dans la forêt.

La silver fern (fougère argentée) par exemple, est l’emblême de la Nouvelle-Zélande mais également une plante permettant de retrouver son chemin la nuit car la couleur blanche de la fougère ressort sous les rayons de la lune.

 

« Whanau can you hear it ? » (famille vous entendez ?) Koro nous interpelle un instant. On entend un kiwi mâle à travers la forêt (l’oiseau nocturne emblématique de la Nouvelle-Zélande) Le voila qu’il se met à mimer leurs cris. Il nous imite le male et la femelle, c’est assez hilarant, d’autant plus que celui de la femme ressemble à celui d’une truie.

On continue notre chemin à travers les sentiers de la forêt, et Koro nous arrête à nouveau pour nous montrer un « baby Kauri ».

Sans lui j’aurais passé mon chemin s’en prêter attention à cette petite plante qui deviendra dans des centaines d’années un géant.

Koro nous apprend que les kauris grandissent très lentement, en moyenne 1 millimètre par an. Ces arbres millénaires nous apprennent une chose primordiale selon Koro:

« Celui qui se montre patient et persévérant voit ses efforts récompensés« .

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« Ahakoa he iti he pounamu » (Despite being small you are of great value) Proverbe maori

Lorsqu’on se tient au pied de ces géants on se sent vraiment minuscule. « Connecter avec les géants c’est se rendre compte à quel point on est insignifiant et c’est une chose très bien » nous explique Koro.

« Les kauris nous montre que tout à un début »

Le magicien de la forêt nous sort de son sac une minuscule feuille :

« Tu vois c’est de là d’où naissent ces géants. Tout a un début et chacun peut devenir un géant, il faut juste partir de quelque part ».

 

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Pourquoi j’ai adoré ce tour ?

  •  La puissance de ce tour vient clairement du guide. Koro vous embarque dans son univers avec ses chants maoris, sa connaissance de la nature et sa passion pour la nature. C’est un storyteller, on pourrait l’écouter nous raconter ses histoires pendant des heures. J’ai eu le sentiment de partir pour un beau voyage le temps d’une soirée.
  •  J’ai appris énormément de choses sur la nature en Nouvelle-Zélande et les croyances maories. Koro vous invite à réfléchir sur vous, la nature et ses enseignements. Il plante une petite graine dans votre tête et qui sait le temps la fera peut-être germer pour faire de vous un géant.
  •  Le tour permet de favoriser l’emploi dans la région. Le Northland de manière générale souffre d’un taux de chômage très élevé. De nombreuses personnes partent vivre à la ville (généralement Auckland) pour trouver du travail. D’autres, comme les maories généralement, choisissent de rester car c’est leur « Turangawaewae» (leur domicile, là où ils ont leurs racines) et ils ne veulent pas quitter leurs terres. Ceux qui choisissent de rester vivent des aides du gouvernement et de petits emplois qu’ils trouvent. D’autres vendent de la drogue. Footprints in Waipoua permet de créer une activité dans la région et des emplois : hostels, restaurants, cafés, service de transports… les bénéfices de ce tour reviennent à toute une communauté et vous apportez à votre façon votre petite pierre à l’édifice.

 

Pour qui est fait ce tour ?

  • Pour ceux qui veulent déconnecter de la ville et reconnecter avec la nature
  • Pour ceux qui veulent en savoir plus sur les mythes et croyances maories
  • Pour les personnes spirituelles
  • Pour les curieux ou les amoureux de la nature tout simplement !

Dame nature en pleine fusion avec l’environnement

Qu’est-ce qu’on découvre lors de ce tour?

Les arbres les plus grands et anciens de la Nouvelle-Zélande : les ancêtres Kauri.

  • Te Matua Ngahere (‘Le père de la forêt’) qui aurait entre 2500 et 3000 ans. Son imposante circonférence fait plus de 5 mètres de diamètre.
  • Les Quatre SÅ“urs : une harmonie fraternelle entre 4 arbres kauris qui ont grandis ensemble.
  • Tane Mahuta (‘Le Seigneur de la Forêt’) 51 mètres de haut. L’expression se sentir tout petit prend tout son sens.

 

Pourquoi payer pour aller voir des arbres ?

On va pas se mentir, quand on est un backpacker chaque dépense a une utilité alors si l’on peut voir les géants de la forêt gratuitement pourquoi prendre part à un tour ?

Footprints in Waipoua ce n’est pas que partir à la découverte des plus grands arbres du monde. C’est une expérience sensorielle et un voyage spirituel. On embarque dans un univers et on découvre la culture maorie et les mystères de la nature.

C’est un peu comme si vous alliez visiter un temple, vous le trouverez joli mais vous ne percevrez jamais toute sa beauté et sa complexité sans l’éclairage d’un guide. Koro est votre guide dans la forêt où vous « whanau » (« famille » comme il nous appelle) êtes le « manuhiri » (l’invité) du dieu de la forêt.

Comme Koro aime à le dire: « Tell me i will forget, show me i will remember, involve me i will understand » (Raconte-moi j’oublierai, montre-moi je me souviendrai, fais-moi participer et je comprendrai »)

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Infos pratiques sur le tour

  • Prix : 95$ (Le prix peut calmer mais vous ne regretterez pas un seul des dollars dépensés, c’est promis !)
  • Départ de Waipoua à 18h, retour vers 22h (le tour dure 4 heures et on ne voit pas le temps passer)
  • On emprunte deux sentiers différents et on découvre 3 des plus gros et plus anciens arbres Kauri au monde.
  •  Logement : Globetrekkers. Ce backpacker est charmant avec son salon cosy et sa petite terrasse couverte par un toit de vignes. Les propriétaires sont adorables et ils vous apprennent plein de choses sur la région et la Nouvelle-Zélande en général. 32$ le lit dans un dortoir de huit personnes.
  • Waipoua se trouve à environ 2h30 d’Auckland. Il y a des bus qui font la liaison toute la semaine sauf certains week-ends.

 

Good to know:

  • Itinéraire

Il est possible de prévoir un petit roadtrip du northland en faisant une boucle, c’est toujours plus sympa que revenir sur ses pas, surtout que la route est vraiment sympa !  (Auckland > Bay of Island > Cape Reinga > Waipoua > back to Auckland par exemple)

Il vous faut prendre un ferry pour 20$ (en voiture) 4$ par personne pour faire la liaison Hokianga à Rawene. Ensuite vous êtes à 20min de Omapere, la ville la plus proche de la forêt. Le trajet dure 15min et la traversée vaut le détour ! Demandez à Philippe, le capitaine de vous faire monter dans sa cabine 😉

  • Climat

Ne vous arrêtez pas à la pluie si le temps est mauvais lors de votre visite à Waipoua. Le soir de ma visite il pleuvait et ce n’était pas dérangeant du tout, au contraire cela donne un aspect encore plus mystique, avec le bruit des gouttes qui tombent dans les arbres et nos lampes torches qui éclairent le rideau de pluie qui tombe devant les kauris.

Comme me l’a fait remarquer Koro : ce n’est pas pour rien qu’on appelle une forêt tropicale « rainforest » en anglais.

 

8 Comments

  1. Le coeur éléphant 27 février 2018

    Merci pour cette article, en effet on sera peut être plus à même d’apprécier les Maoris dans l’histoire. Car pour nous les seuls expériences que l’on a eu avec c’est : bourrés (ou drogués) sur des freecamps, musique à fond, agressifs… Concernant la forêt de Waipoua, c’était magnifique, ainsi que la route pour y accéder !

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    • Claire 1 mars 2018

      La Nouvelle-Zélande a l’un des plus hauts taux de suicide chez les jeunes et les statistiques montrent que c’est principalement chez les jeunes maoris. Certains sont les laissé pour contre de la colonisation et ils sont en marge de la société, on les retrouve à se descendre des bières et s’enfumer le crane (je pense notamment du côté de Whangarei, c’est pas joli à voir !) C’est dommage, il y a des histoires plus belles à raconter 🙂

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  2. Jean 27 février 2018

    Super Article, très bien écrit ! ça donne envie de découvrir cette magnifique culture. Cheers

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    • Claire 1 mars 2018

      Merci Jean ! 🙂

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  3. Solene trinquet 27 février 2018

    Great article, and a good way to discover the country from another perspective, from the inside. Thanks for sharing it with is 🙂

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  4. Anny Murith 27 février 2018

    Superbe article, merci de ce partage qui me donne envie de partir à la rencontre de Koro et visiter cette superbe forêt Waipoua ! Effectivement un guide n’est pas superflu pour découvrir cette culture si riche

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  5. Tanguy de Shangai 1 mars 2018

    Une très belle plume, l’article est super agréable à lire! Well done
    Ca donne envie de retourner faire un tour en NZ 😉

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